La Communauté Emmaüs73

Sommaire:

Un peu d’histoire
Nos engagements
Un lieu d’accueil inconditionnel
En images, visite de notre Communauté

1. Un peu d’histoire…

Témoignage de Paul Limagne, 1er responsable de la Communauté en 1981, lors du 40ème anniversaire de la Communauté en 2022.

Avant d’évoquer le début de notre communauté de la Motte Servolex, je vous propose de faire un rapide retour en arrière sur l’origine d’Emmaüs ainsi que sur l’association qui a porté ce projet. Je souhaite rendre hommage à deux personnes essentielles dans notre histoire locale.

“C’est en 1949 que l’abbé Pierre crée la première communauté à Neuilly Plaisance (Seine Saint-Denis) en accueillant Georges, le premier compagnon, à qui il a demandé : ” viens m’aider à aider “. Plus tard, les communautés se singularisent grâce au célèbre appel de l’abbé Pierre de l’hiver 1954 lors du décès d’une femme morte de froid dans la rue : ” mes amis, au secours… “. C’est ce qui sera appelé ” l’insurrection de la bonté. ” Le mouvement Emmaüs prend alors de l’ampleur. Au moment où les Communautés se multiplient en France, Chambéry choisit d’en envisager une, dès les années 70, en créant dans un premier temps un comité sans communauté.

Le père Eugène, une âme de bâtisseur

Le père Eugène, prêtre capucin du Faubourg Montmélian de Chambéry, s’intéresse alors à la question. Il part en Solex dans différentes communautés Emmaüs de l’Est de la France pour apprendre le métier de récupérateur en tant que compagnon. Fort de son expérience, il commence la récupération au Faubourg Montmélian, (au grand dam de sa communauté religieuse), puis à Cognin en 1972, ce qui lui permet d’acheter en 1973 un grand terrain à la Motte-Servolex sur les ” délaissés de l’autoroute Aréa “.

La construction des bâtiments de la Communauté, premier coup de pioche en 1971

C’est un terrain marécageux qu’il a fallu remblayer de plusieurs mètres de hauteur avant qu’il devienne constructible. Le père Eugène s’emploie à cette tâche pour guider les camions de gravats jusqu’à la réalisation d’un terrain plat et sain. Le père Eugène fait une maquette de ce qu’il voudrait obtenir comme construction. Ce sont trois bâtiments en arc de cercle car, pour lui, ce type d’architecture favorise la rencontre propre à ce qu’est l’essence d’Emmaüs. Il présente sa maquette à un architecte de la Motte-Servolex, Bernard Patriarche, qui accepte d’en faire les plans d’exécution. En 1974 un premier bâtiment sort de terre, puis un second quelques années plus tard. A la fin de l’année 1981 commence la construction du troisième bâtiment, celui de la communauté proprement dite, qui servira plus tard à loger les compagnons.

A cette époque, alors que le père Eugène a 70 ans et souhaite passer le relais, le comité d’amis d’Emmaüs Chambéry choisit de soutenir la création de la communauté en m’embauchant en tant que responsable en septembre 1981. Les premiers compagnons sont d’abord accueillis et logés dans les extrémités des deux premiers bâtiments et une partie de l’effectif s’investit dans le second œuvre du bâtiment tout neuf, clos et couvert, le ” croissant “, c’est la naissance de la communauté.

Petit à petit, les chambres se construisent et cette dernière prend de l’ampleur assez rapidement. Un second responsable est embauché en 1982 quand l’effectif devient plus important, Marc Bodinier. Du premier accueil en fin d’année 1981 (3 compagnons) à la pleine capacité en fin d’année 1982 (15 compagnons) la majorité du second œuvre a été réalisée par la collaboration compagne.ons, bénévoles et responsables : c’est que nous appelons le trépied d’Emmaüs.

L’inauguration a lieu en 1982, en présence de l’Abbé Pierre. La vie s’installe pour un développement durable et qui dure … la preuve ! La chance de cette communauté c’est qu’il existait déjà une association locale solide, avec des valeurs d’humanisme propres au mouvement Emmaüs, déconfessionnalisé, apolitique, engagée dans un accueil inconditionnel… et possédant déjà un outil économique capable de porter des innovations et de la créativité.

L’abbé Pierre et le père Eugène
lors de l’inauguration

Arrivée d’Emmaüs vêtements

Dès 1984, Emmaüs Chambéry recherche à valoriser le textile à l’aide d’une structure d’insertion féminine. La communauté de l’époque était entièrement masculine et la fripe n’était pas son meilleur axe de récupération. Les regards se tournent aussi bien vers les filières de récupération de textile en Italie que vers les premiers pas de l’entreprise d’insertion Envie, à Strasbourg, issue de cette communauté, pour s’informer des différentes formes de diversification à envisager. C’est en collaboration avec le Secours Catholique de Chambéry que la solution est trouvée pour la fripe. Emmaüs Vêtements se crée en 1985 et s’installe rue Sommeiller en gardant son siège social à La Motte-Servolex. Association Entreprise Réinsertion, Emmaüs Vêtements a, aujourd’hui, 5 boutiques en Savoie.

Arrivée de SOS Familles à Chambéry

2011: la création d’un SOS Familles (animé uniquement par des bénévoles) au sein d’Emmaüs73 est intégrée au projet de la Communauté. Elle est officialisée en 2012 par les deux groupes soutiens: Emmaüs Vêtements et la Communauté. Née en 1967, cette association nationale accompagne les familles surendettées en leur faisant des avances sans frais et en les accompagnant sur la gestion de leur budget.

Diversification en direction de l’économie solidaire

Le domaine de la brocante et du mobilier étant un des piliers de l’activité d’Emmaüs, c’est bien naturellement que la communauté s’est intéressée, dans les années 80, au nouveau concept de déchetterie. Elle a ainsi joué un rôle significatif, aux côtés de l’ATFJ, Ateliers pour le Travail et la Formation des Jeunes, dans la création de la structure d’insertion TRIVALOR montée pour gérer ce nouveau service. Elle a même participé à son capital de départ.

Une communauté ouverte à la solidarité internationale

En même temps, rapidement la Communauté s’engage aussi auprès d’Emmaüs International en participant aux Assemblées Mondiales tous les 4 ans comme en 2022 en Uruguay. Elle participe aussi ainsi au soutien d’initiatives à Haïti, au Bénin et dans tant d’autres pays…

Elle participe également, régulièrement, à des dons économiques et matériels en direction d’autres communautés.

Depuis 1981, tout un parcours pour moi…

Personnellement, j’ai quitté mes responsabilités à la communauté d’Emmaüs Chambéry à la fin de l’année 1987. J’ai eu alors un parcours professionnel dans d’autres départements, jusqu’au moment où suis revenu sur Chambéry en 2013 pour ma retraite. Depuis ce retour, j’ai choisi d’être bénévole et de m’engager au conseil d’administration de la communauté.

Je n’avais jamais perdu le fil des évolutions et je n’ai pas été surpris par les changements : les 50 compagnes et compagnons accueillis, des familles. L’évolution spectaculaire d’Emmaüs vêtements que je connaissais. La création de SOS familles luttant contre le surendettement et qui représente la 3^ème branche du Mouvement Emmaüs.

La dynamique de projet collectif a toujours été prégnante, hier comme aujourd’hui. Il y a de bonnes relations entre compagnes, compagnons et bénévoles. J’aime beaucoup cette ambiance communautaire où chacun trouve sa place et son utilité sociale. Avec un mouvement précurseur de l’écologie (sans le savoir en 1949) et déjà porteur de l’économie circulaire (sans le savoir non plus) il y a de quoi accueillir et générer de la solidarité pour longtemps encore.

Je termine en disant que tout ceci n’aurait pas été possible sans l’implication des compagnes et compagnons, celle des amis de la communauté, bénévoles assidus, celle de l’équipe responsable qui fait le lien en pratiquant le difficile métier de ” passeur ” dans ce grand melting-pot qu’est la communauté mélangeant des cultures, des histoires personnelles variées, des blessures parfois lourdes pour fabriquer une société plus juste, plus solidaire et plus humaine, comme le souhaitait l’abbé Pierre et que appelons encore collectivement de tous nos vœux.”

En résumé…

Depuis sa naissance, notre Communauté affiche fièrement sa fidélité sans concession aux valeurs et engagements de l’abbé Pierre. Nous incarnons et revendiquons quotidiennement cette alternative sociale et économique, centrée sur l’Humain plutôt que sur le profit, et sur la solidarité plutôt que sur l’individualisme.

C’est sous la forme d’une association loi 1901 que nous luttons, au moyen d’une économie sociale et solidaire, pour que chaque personne accueillie puisse trouver sa place, s’épanouir et se reconstruire.

2. Nos engagements

Nous faisons la proposition d’une alternative solidaire, durable et juste à une société sans conscience qui consomme à outrance, qui marginalise et exclut, qui fait de la diversité une adversaire et qui brûle la planète sans égard et sans honte.

ÉCONOMIE SOCIALE

Chez Emmaüs, nous donnons une seconde vie aux objets pour offrir une nouvelle chance aux hommes. Cela fait de notre communauté une fabrique d’innovations sociale, économique et environnementale, qui nous porte chaque jour vers un autre vivre ensemble accueillant inconditionnellement les individus et leurs différences.

SOLIDARITÉ

Les 60 compagne.ons que nous accueillons démontrent chaque jour que le modèle que nous portons fonctionne, à la fois en prenant part à cette chaîne de solidarité mais aussi en prenant appui sur elle afin de se reconstruire et (re)trouver leur place dans la société. Emmaüs leur donne les outils pour favoriser un projet d’insertion social et professionnel, afin de garder la tête haute.

ENVIRONNEMENT

Emmaüs est aussi un précurseur et un acteur majeur dans la réduction des déchets. Notre fonctionnement permet de faire exister d’autres alternatives de consommation, plus responsables et plus respectueuses de l’environnement.

Emmaüs 73 lutte contre l’exclusion et la précarité et continue aujourd’hui à se battre pour faire entendre la voix des sans voix dont les droits et la dignité sont sans cesse remis en cause.

3. Un lieu d’accueil inconditionnel

En 2014, le Mouvement Emmaüs réaffirme que toute personne – quels que soient son parcours, son origine, sa confession ou son âge – doit bénéficier d’un accueil inconditionnel, sous réserve de place.

Face à des situations très diverses, devant des publics qui n’ont pas les mêmes besoins, l’accueil se décline au sein du Mouvement de différentes façons. D’une part, dans les communautés, plus de soixante ans après la naissance d’Emmaüs, elles continuent d’offrir un mode de vie alternatif, où chacun peut retrouver sa dignité par l’activité et la vie en collectivité, avec un objectif inchangé : redevenir acteur de sa propre existence et venir en aide aux plus pauvres que soi. D’autre part, à travers plusieurs dispositifs, pour favoriser l’hébergement et le logement . Face aux situations intolérables vécues par les personnes sans abris ou mal-logées, les groupes Emmaüs développent des réponses sur mesure.