Histoire du Mouvement Emmaüs

SOMMAIRE :

  1. Pourquoi “Emmaüs”?
  2. Historique du mouvement
  3. Organisation du mouvement
  4. L’Abbé Pierre, son histoire

1. POURQUOI “EMMAÜS” ?

Emmaüs est un village cité dans les Évangiles (Luc 24), où Jésus-Christ apparaît à deux disciples, désespérés, quittant Jérusalem après sa mort. Ce village correspondrait au site actuel d’Emmaüs Nicopolis, en Israël, à 25 km de Jérusalem.. L’Abbé Pierre en fit une allégorie : “Emmaüs” symbolise l’espoir retrouvé, une deuxième chance.

2. HISTORIQUE

1949 LA NAISSANCE DU MOUVEMENT EMMAUS

Prêtre original, longtemps personnalité préférée des Français, l’abbé Pierre (de son vrai nom Henri Grouès) a su créer un Mouvement fondé sur une intuition inédite. Il rencontre Georges, un ancien bagnard, qui vient de faire une tentative de suicide, et, devant son désarroi, il lui dira cette phrase fondatrice pour le Mouvement Emmaüs : « Je ne peux rien te donner. Mais, toi qui n’as rien à perdre puisque tu veux mourir, donne-moi ton aide pour aider les autres ». Georges se souviendra : “Ce qui me manquait, ce n’était pas seulement de quoi vivre, c’était aussi des raisons de vivre.” Puis une vie communautaire s’organise dans la maison qu’il a achetée à Neuilly-Plaisance, transformée en auberge de jeunesse internationale, autour de l’activité de chiffonnier.

Sans que l’abbé Pierre l’ait conçue comme un projet, encore moins comme une œuvre de charité, une petite communauté se forme exclusivement masculine. Les débuts sont difficiles : repris de justice, alcooliques, miséreux; promiscuité, bagarres, dénuement. Si les premiers compagnons n’étaient pas des enfants de chœur, ils se sont révélés hommes de cœur. N’était admis que celui qui acceptait de travailler plus que pour sa seule subsistance. L’abbé Pierre avait une devise, “Hommes debout”, et une maxime : “La lutte pour mon pain, ce peut être du matérialisme; la lutte pour le pain des autres, c’est déjà du spiritualisme.”

Lucie Coutaz, femme de l’ombre

Lucie Coutaz, très peu la connaissent et pourtant… Elle fut co-fondatrice du Mouvement et la fidèle et essentielle secrétaire de l’Abbé Pierre depuis la seconde guerre mondiale ( elle le cacha lorsqu’il fut résistant) jusqu’à sa mort en 1982. « Sans elle, Emmaüs n’existerait pas. C’est ce qu’affirment tous les compagnons et amis des origines. Et ils disent vrai. Ce que, pour moi, je dois rajouter c’est que quiconque a connu son tempérament et ses dons de chef, il est évident qu’il lui fallut un véritable héroïsme quotidien pour, pendant 39 années, et jusqu’aux labeurs de ses dernières journées de vie, n’être toujours agissante que dans l’ombre d’un autre.” Hommage de l’Abbé Pierre.

1954 “INSURRECTION DE LA BONTE”

Après les ravages de la guerre, les rigueurs de l’hiver tuent. Au cours de l’hiver 54 – particulièrement glacial cette année-là – une femme meurt dans la rue. Scandalisé, l’abbé Pierre lance aussitôt un appel médiatique qui va susciter un immense élan de générosité parmi les Français. C’est son fameux appel à “l’insurrection de bonté”. Après l’événement, une loi interdira aux propriétaires d’expulser les locataires non solvables en hiver et de nombreux logements seront construits.

L’abbé Pierre préférait parler d’insurrection de la justice (ou de l’intelligence) pour désigner l’élan de générosité qui a suivi cet appel radiophonique d’hiver 1954. Il associait charité et bonté à une façon de se donner bonne conscience. Pour lui, le logement, le travail et la dignité devaient être considérés comme des dûs et la société devait s’organiser pour que tous les hommes vivent dignement. Le 4 février 1954, l’Assemblée vote un crédit exceptionnel de 10 milliards de francs (plus de 150 millions d’euros) destinés à la construction de 12 000 logements d’urgence. Quant à l’association Emmaüs, elle ne cessera de se développer.

Pour écouter l’appel de l’hiver 54 https://youtu.be/PhmjdKD7uCQ
Aujourd’hui, 70 ans après cet appel et cet élan de solidarité, le Mouvement Emmaüs reste fidèle à son fondateur et poursuit, jour après jour, son combat.

1971 CREATION D’EMMAUS INTERNATIONAL

Emmaüs international est un mouvement rassemblant des personnes ayant vécu ou non l’exclusion, qui ensemble, construisent des réponses à des situations d’injustice. Regroupés dans 425 associations présentes dans 41 pays, ses membres œuvrent à ce que toute personne puisse retrouver une place dans la société par un accueil et un travail dignes. 70 groupes se réunissent pour définir les principes fondamentaux de leur action résumée sous la formule « Servir en premier le plus souffrant ». Ils adoptent alors leur Manifeste universel et décident la création d’un secrétariat international de liaison : c’est la naissance d’Emmaüs International qui se concrétisera en 1971.

1982 CREATION D’EMMAUS CHAMBERY

En 1971, le père Eugène, prêtre capucin à Chambéry, s’intéresse au Mouvement. Il apprend le métier de récupérateur comme compagnon dans différentes communautés. Il commence la récupération à Chambéry puis à Cognin en 1972, ce qui lui permettra d’acheter en 1973 un grand terrain à la Motte-Servolex sur les ” délaissés de l’autoroute AREA”. Son projet? Construire trois bâtiments en arc de cercle car, pour lui, cette architecture favorise la rencontre propre à ce qu’est l’essence d’Emmaüs. En 1974, un premier bâtiment sort de terre, puis un second quelques années plus tard. A la fin de l’année 1981 commence la construction du troisième bâtiment, celui de la communauté proprement dite, qui servira plus tard à loger les compagnons.

L’inauguration a lieu en 1982, en présence de l’Abbé Pierre. La vie s’installe pour un développement durable et qui dure … la preuve ! Facteur de réussite pour le développement de cette Communauté, existait déjà une association locale solide, avec des valeurs d’humanisme propres au mouvement Emmaüs, déconfessionnalisé, apolitique, engagée dans un accueil inconditionnel… et proposant déjà un outil économique capable de porter créativité et innovation.

1985 CREATION D’EMMAUS FRANCE

Le Mouvement se regroupe au sein d’Emmaüs France à partir de 1985. Les structures Emmaüs sont alors très divisées. Les communautés Emmaüs sont regroupées selon leurs types de fonctionnement dans différentes fédérations, ou familles. D’autres types de structures ( les « comités d’amis » ou encore les SOS familles Emmaüs) créent aussi leurs fédérations nationales. Le Mouvement Emmaüs en France décide à l’issue d’un long cheminement de réformer sa structuration éclatée en regroupant toutes ces « familles » au sein de la fédération Emmaüs France en 2007.

2003 CREATION D’EMMAUS EUROPE

Tous les groupes présents sur le continent européen se rassemblent dans une seule association : Emmaüs Europe. Celle-ci réunit aujourd’hui 390 structures Emmaüs. A partir de 2003 et l’adoption d’une gestion décentralisée du Mouvement, quatre Régions continentales se sont constituées : Emmaüs Afrique, Emmaüs Amérique, Emmaüs Asie et Emmaüs Europe.

3. ORGANISATION DU MOUVEMENT

Une organisation en trois branches :
Emmaüs France, association loi 1901, membre d’Emmaüs international, a développé, avec persévérance des réponses originales et complémentaires pour contribuer à endiguer les différentes formes de l’exclusion. Emmaüs France est composé de 288 groupes dans 94 départements avec plus de 18 000 acteurs (compagnons, bénévoles, salariés…).

Depuis janvier 2003, le souci de renforcer la cohérence dans l’action et à prendre en compte la grande diversité de ses formes d’intervention, a conduit Emmaüs France à s’organiser en trois branches (détaillées dans l’organigramme ci-dessous) :

  • La branche communautaire (les 119 communautés qui rassemblent 4 000 « compagnons d’Emmaüs » et sont réparties sur tout le territoire)
  • La branche Action sociale et logement (dont fait partie SOS familles, EMMAÜS Solidarité, mais aussi, la Fondation Abbé Pierre, Emmaüs habitat, Emmaüs Alternatives…)
  • La branche Économie solidaire et Insertion (les structures d’insertion rattachées à Emmaüs et notamment le Relais)

Une organisation en trois branches :
Emmaüs France, association loi 1901, membre d’Emmaüs international, a développé, avec persévérance des réponses originales et complémentaires pour contribuer à endiguer les différentes formes de l’exclusion. Emmaüs France est composé de 288 groupes dans 94 départements avec plus de 18 000 acteurs (compagnons, bénévoles, salariés…).

Depuis janvier 2003, le souci de renforcer la cohérence dans l’action et à prendre en compte la grande diversité de ses formes d’intervention, a conduit Emmaüs France à s’organiser en trois branches détaillées dans l’organigramme ci-dessous (2023):

4. L’ABBE PIERRE, SON HISTOIRE

Henri Grouès, de son vrai nom, est né le 5 août 1912 au sein d’une famille aisée dont la ferveur catholique ne pouvait que le pousser sur la voie religieuse. Il a passé sa jeunesse ainsi, entouré de ses frères et sœurs, jusqu’au jour où il se rend à Assise, en Italie. Alors âgé de 15 ans, le voyage est une véritable révélation pour lui. Persuadé de sa vocation religieuse, il étudie auprès des jésuites, puis rejoint les Capucins en 1931, juste après avoir renoncé à son héritage. Henri Grouès est ordonné prêtre en 1938 puis, alors que la Seconde Guerre Mondiale éclate, il est nommé vicaire à la cathédrale de Grenoble.

1944
Fausse carte d’identité
14 mars 44

À partir de 1942, Henri Grouès prend une part active à la Résistance. Au lendemain de la rafle du Vel’d’Hiv, il apporte son aide aux juifs rescapés, les faisant passer, eux et les résistants, à l’étranger. Il participe à la création de maquis, notamment dans le Vercors, permettant à nombre de jeune d’échapper au STO. Il aide notamment à la fabrication de faux-papiers en imitant la signature du commissaire de police local. Clandestin, Henri Grouès doit prendre de multiples identités, parmi lesquelles celle de l’abbé Pierre, qu’il conservera le reste de sa vie. Il sera arrêté deux fois par la Gestapo et la police espagnole, et s’évadera chaque fois. Arrêté par la Gestapo, il parvient à l’enfuir contraignant à Il se rend en Espagne puis à Alger où il rencontre le général de Gaulle en 1943. C’est aussi cette année là qu’il rencontrera Lucie Coutaz qui le cachera sous une fausse identité. Co-fondatrice du Mouvement, éclipsée par la personnalité de l’abbé Pierre, elle restera jusqu’à sa mort, en 1982, sa fidèle secrétaire. En 1944, il revient en France et devient aumônier dans la Marine. Considéré comme grand représentant de la Résistance, on le pousse à entrer en politique. Ainsi, de 1945 à 1951, il est député de Meurthe-et-Moselle, dans le camp du MRP (Mouvement républicain populaire), puis dans celui de la Gauche indépendante. « C’est la partie la moins marquante de ma vie », reconnaissait l’abbé Pierre lorsqu’il évoquait ses six années de présence au Palais Bourbon. « Rien ne m’y avait préparé, je n’en avais aucun désir, mais c’est pendant que j’étais député qu’Emmaüs est né. S’il n’y avait pas eu mes indemnités de parlementaire pour financer ce projet, je n’aurais pas pu ».

Assemblée nationale: 1946 : https://www.assemblee-nationale.fr/histoire/abbe-pierre/profession_foi.asp

Après avoir risqué sa vie durant la guerre, l’abbé Pierre entreprend un nouveau combat, cette fois-ci contre la misère. En fondant le mouvement Emmaüs en 1949, il veut venir en aide aux sans-abri et aux plus démunis. En 1951, n’étant pas réélu, l’abbé Pierre peut consacrer toute son énergie aux compagnons d’Emmaüs. N’ayant plus d’indemnités de parlementaire, les caisses sont vides à la communauté Emmaüs qu’il a fondée en 1949 à Neuilly-Plaisance. Il fait la manche à la sortie des théâtres.

En janvier 1952, afin d’obtenir des fonds pour le mouvement Emmaüs, l’abbé Pierre participe au jeu “Quitte ou double”. Il parvient à remporter 254 000 francs ( 25 098 euros) qui lui permettront d’acheter un camion et de nouveaux terrains.

En 1952, il participe au jeu “Quitte ou Double” sur Radio Luxembourg.
En 1952, il participe au jeu “Quitte ou Double” sur Radio Luxembourg. – Emmaüs International

Ce n’est toutefois qu’en 1954 que le mouvement prend une ampleur considérable, notamment avec l’appel à “l’insurrection de la bonté”. Quant à l’association Emmaüs, elle ne cessera de se développer.

« Emmaüs, c’est un peu la brouette, les pelles et les pioches avant les bannières. Une espèce de carburant social à base de récupération d’hommes broyés”. Abbé Pierre

L'abbé Pierre en 1954.
L’abbé Pierre en 1954. © AFP

Non seulement l’abbé Pierre s’est battu contre la pauvreté et la faim mais il a aussi milité pour la paix dans le monde. Dès 1948, il rencontre  Habib Bourguiba, le militant nationaliste tunisien qui prendra la tête du pays en 1957 et pour trente ans. De mars à mai 1960, il visite les colonies françaises d’Afrique subsaharienne en lutte pour leur indépendance. En Inde en 1962, il participe à une convention contre l’armement nucléaire. Il défendra ainsi ses convictions pacifistes et anti-colonialistes jusqu’à la fin de sa vie.

Abbé Pierre en Equateur fin 1950

L’abbé Pierre n’aime pas sa “tumultueuse médiatisation”. Pendant une trentaine d’années, on le verra très peu : pour s’indigner de “la détresse du peuple bengali” (1971) ou de la “tragédie des boat people” (1979). Il visite les communautés Emmaüs dans 35 pays, donne de multiples conférences, se rend aux Etats-Unis et au Canada, où, devant des parterres médusés, il fustige les nantis et exhorte la jeunesse à se mobiliser “non pour l’argent, mais pour l’Amour”. Il élabore un “manifeste universel”, adopté en 1969 à Berne par la première assemblée mondiale d’Emmaüs qui prescrit, dans son article premier, que soient “servis premiers les plus souffrants” :

http://emmaus-international.org/images/stories/01_qui/05_texte_ref/manifeste_fr.pdf

Désormais, l’abbé Pierre est profondément ancré dans le cœur des Français. Tantôt dans l’ombre, tantôt sous les projecteurs, il alimente sans cesse sa popularité et vit lui-même dans un confort très limité. Il rencontre plusieurs grandes personnalités, telles qu’Eisenhower, Mohammed V ou encore Nehru. En France, étant donné sa notoriété, nombreux sont les hommes politiques qui redoutent son franc-parler et son courage. En 1980, l’abbé Pierre obtient le titre d’Officier de la Légion d’honneur, en matière de droits de l’homme. À partir de l’hiver 1984, à 72 ans , il reprend de plus belle la lutte contre la misère. Malgré une santé très fragile depuis son enfance, (pulmonaire, épuisement physique et mental), il est de tous les combats contre la faim et le froid, agissant pour la sauvegarde ou le rétablissement de la dignité humaine.

Toujours en 1984, devant 3000 personnes, au Palais des congrès à Paris, l’abbé Pierre s’insurge cette fois contre le “scandale de la destruction des surplus agricoles”. A cette occasion, il annonce l’instauration de la première banque alimentaire. En 1985, Coluche ( Michel Colucci) s’en inspirera pour créer les Restaurants du cœur. S’il n’est pas sensible à son humour, l’abbé Pierre soutiendra son initiative. En mars 1986, Coluche viendra lui remettre un chèque de 1,5 million de francs (228 000 euros). Trois mois plus tard, c’est l’abbé Pierre qui célèbrera la messe des funérailles de Michel Colucci.

En 1987, cette détermination lui vaut d’être fait Commandant de la Légion d’honneur pour ses actions en faveur du logement.

Le 14 juillet 1992, promu grand officier de la Légion d’honneur à la veille de son 80 e anniversaire, il refusait de porter l’insigne tant que trois cents familles africaines, mises à la rue et campant depuis trois mois sur l’esplanade de Vincennes, ne seraient pas relogées. Dans les 24 heures, le gouvernement socialiste de Pierre Bérégovoy mettait deux immeubles inoccupés à leur disposition.

Le 18 décembre 1994, à 82 ans, l’abbé Pierre accompagnait des militants de Droit au logement (DAL) qui envahissaient un bâtiment de la rue du Dragon, à Paris (6e). Dans la soirée (un dimanche), il était reçu par le premier ministre, Edouard Balladur, qui garantissait la non-intervention des forces de l’ordre. Le lendemain, Jacques Chirac, alors maire de Paris, renchérissait en accédant à une revendication de DAL : une ordonnance de 1945 sur la réquisition de locaux vacants était remise en vigueur.

En février 2004, une voix familière s’élève place du Trocadéro à Paris pour appeler à la solidarité. Cinquante ans après son premier appel, l’abbé Pierre, 92 ans, malgré la fatigue, est toujours là pour défendre les millions de démunis. 6000 personnes y assistent. Même diminué, il a tenu, en janvier 2006, à se rendre à l’Assemblée nationale pour s’opposer aux députés qui voulaient vider de sa substance la loi obligeant plusieurs centaines de communes à construire des logements sociaux sur leur territoire. 

Au soir de sa vie, il avait confié : “Je suis las de tout ce qui m’a mis en spectacle”, et il reniait son propre “mythe”.

A 95 ans, le 22 janvier 2007, l’abbé Pierre s’éteint des suites d’une infection pulmonaire. Il laisse dans son sillage une vie de combats sans répit contre la pauvreté et l’injustice.

Frêle silhouette coiffée d’un éternel béret revêtue d’une pélerine, visage diaphane aux joues mangées d’une barbe qui a blanchi, regard bleu perçant en constante alerte et avec cette voix de tribun qui contraste avec ce profil transparent … L’abbé Pierre reste éternellement dans la mémoire collective, d’hier et d’aujourd’hui.

Prêtre, résistant, homme politique et chiffonnier, il reste à jamais le symbole de la solidarité et de la générosité.

Bibliographie

Testament (1994). Abbé Pierre . Editions Pocket. Mémoire d’un croyant (1997). Abbé Pierre Editions FayardEmmaüs et l’abbé Pierre (2009) Axelle Brodiez-Dolino éditions Sciences Po.

Bibliographie:

  • Testament ( 1994) Abbé Pierre éditions Pocket
  • Mémoire d’un croyant (1997) éditions Fayard
  • Emmaüs et l’abbé Pierre ( 2009) Axelle Brodiez-Dolino éditions Sciences Po.
  • 80 citations de l’abbé Pierre : https://www.abc-citations.com/auteurs/abbe-pierre/

Vidéos :

  • Archives 1954 : “une nuit avec l’abbé Pierre”

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/afe85005461/une-nuit-avec-l-abbe-pierre

  • 1984 Discours “La voix des sans voix” https://www.youtube.com/watch?v=kpFzztF1ozo
  • Texte ” La voix des sans voix”

« Ceux qui ont pris tout le plat dans leur assiette, laissant les assiettes des autres vides, et qui ayant tout disent avec une bonne figure, une bonne conscience « Nous qui avons tout, on est pour la paix ! », je sais ce que je dois leur crier à ceux-là : les premiers violents, les provocateurs de toute violence, c’est vous !

Et quand le soir, dans vos belles maisons, vous allez embrasser vos petits-enfants, avec votre bonne conscience, vous avez probablement plus de sang sur vos mains d’inconscients, au regard de Dieu, que n’en aura jamais le désespéré qui a pris les armes pour essayer de sortir de son désespoir.

Mais nous ne trompons pas, il n’y a pas de violence qu’avec des armes, il y a des situations de violences.

Il y a tel et tel peuple du monde que je connais très bien, où j’ai été tant de fois et où il n’y a plus aucune espérance pour la foule des plus petits. Aucune espérance d’apprendre à vivre. Et j’avais crié, vous les riches – il y a des riches qui sont honnêtement riches – vous avez le devoir de dépenser.

Ceux qui stockeraient dans des coffres de banque de l’or, des bijoux, qui les accumuleraient comme un trésor. Car la fortune dans les temps d’épreuve doit être partagée, venant au secours en créant des entreprises viables pour donner de l’emploi et du salaire. »